NAPHTALI HERZ IMBER, LE PÈRE DE L’HATIKVA
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Il est des airs, il est des chansons, qui marquent peuple à jamais. Ainsi en est-il de
« Yéroushalaïm chel Zahav » (Jérusalem en or) de Naomi Shemer qui, avec la réunification de Jérusalem en 1967, fit battre tous les cœurs des amoureux de la ville sainte, capitale éternelle et désormais indivisible de l’État des Juifs ressuscité. Ainsi en est-il aussi de « L’Hatikva », le chant national israélien, qui retentit dans les grandes occasions. Son créateur, Naphtali Herz Imber est relativement peu connu. Voici son histoire.
C’est dans un petit village de Galicie, au sein de l’empire austro-hongrois, Zloczow-aujourd’hui Zlochiv en Ukraine- dans le nord des Carpates, que Naphtali Herz Imber voit le jour au sein d’une famille juive d’obédience hassidique. Il reçoit tout naturellement une éducation religieuse très rigoureuse dont il va, dès l’adolescence, se défaire, manifestant, au grand désespoir de ses parents, un goût très prononcé pour l’aventure et une volonté farouche de connaître le monde. Encore adolescent, il décide d’abandonner les siens pour parcourir la planète, attiré tout particulièrement par l’Orient et ses mystères et par la Terre sainte chantée et chérie par les rabbins du héder, l’école juive, de son enfance.
À Constantinople, l’ancêtre d’Istanbul en Turquie, l’une de ses toutes premières étapes, il fait la connaissance d’un sujet britannique, Sir Lawrence Oliphant, un chercheur aussi cultivé qu’original. Avec un Allemand, Shumacher, il a été le créateur de la ligne de chemin de fer Damas-Haïfa. Chrétien « sioniste », il est passionné par le sujet des « Juifs palestiniens » et par l’étude du peuple druze. Oliphant décide de s’installer dans un village druze, Daliatel Karmel. Un soir, alors qu’ils sont attablés dans une auberge de Constantinople, Lawrence Oliphant lance à son nouvel ami :
- Mon cher Naphtali, avez-vous déjà mis les pieds en Terre sainte ?
- Hélas non. Mais fouler le sol de Jérusalem est mon rêve le plus fou. C’est d’ailleurs le souhait de tout Juif en ce monde.
- Jérusalem ! Mais il n’y a rien de plus simple, mon jeune ami. Je m’y rends sous peu. Joignez-vous donc à moi !
- Ce serait avec le plus grand plaisir. Mais, voyez-vous, mes moyens sont très limités.
- Qu’à cela ne tienne ! J’ai justement besoin d’un secrétaire particulier qui serait en même temps mon « conseiller aux affaires juives ». Voulez-vous être cet homme ?
- Topez-la ! Je le suis.
Et le marché fut conclu. À la fois informateur et conseiller de Lawrence Oliphant, Naphtali Herz Imber va rester pendant six ans au service de son bienfaiteur et mentor. Il profite de ses moments de loisirs pour écrire des articles qui sont publiés dans la presse hébraïque. Mais sa grande passion se révèle être la poésie. Il compose des centaines de poèmes sur les thèmes les plus divers.
1882. Palestine. Les membres du mouvement Hovévé Tsion(Les amants de Sion) et ceux du Bilou décident de mettre leurs forces en commun pour créer le village fermier de Richon-le-Zion. Naphtali Herz Imber se joint à eux. Il a vingt-six ans. À la nuit venue, quand il faut mettre de l’animation, autour du feu de camp, c’est tout naturellement au poète que les pionniers juifs s’adressent. Et lui ne se fait pas prier. Il déclame ses poèmes et il chante. L’une de ses créations, « Tikvaténou » (Notre espoir) connaît un franc succès. Un fermier, Samuel Cohen, originaire de Moldavie, propose une adaptation musicale du poème. Pour l’essentiel, il utilise une mélodie populaire moldo-roumaine
« Carul cu boï » (La charrue et les bœufs). Quatre ans plus tard, le texte est publié dans un journal et « Tikvaténou » est un refrain qui est sur toutes les lèvres des Juifs du yichouv, l’ancêtre de l’État juif.
Pendant ce temps, alors que la chanson est de plus en plus populaire en Terre sainte, Naphtali Herz Imber a quitté la Palestine en 1888. Toujours sans le sou, il est engagé, ici et là par des missions chrétiennes. On lui propose la conversion en échange d’une promotion alléchante, mais il ne se laisse pas tenter et refuse. À Londres, il se lie d’amitié avec le romancier Israël Zangwill. En 1892, il part pour l’Amérique où il se marie et, la même année, publie un recueil de poèmes et une traduction en hébreu du fameux « Rubbayat » d’Omar Khayam. Mais sa condition demeure misérable et il sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Il meurt dans l’anonymat et la pauvreté en 1909. En avril 1953 sa dépouille mortelle a été ramenée en Israël. Naphtali Herz Imber repose désormais à Har HaMenouhot, le « Mont des Répits » à Jérusalem. « Tikvaténou », désormais « L’Hatikva », devenue chant national israélien, a été traduite en français par Edmond Fleg.