L’édition et ses coups marketing !
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L’édition et ses coups marketing !
Décidément, après le triomphe salace de Valérie Trierweiler pour “Merci pour ce moment”, un règlement de compte en règle qui aurait pu être attendrissant s’il s’agissait d’un amour adolescent, mais qui en réalité est pitoyable s’agissant d’adultes et de surcroît aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Arrive le succès éditorial du livre d’Eric Zemmour “Le Suicide français chez Albin Michel” n’est pas seulement un coup marketing parfaitement réussi. Il faut le comprendre comme un indicateur de l’état de la société française, de ses fractures, de ses contradictions, de ses trous noirs aussi. Dit autrement, il ne s’agit pas uniquement de la dérive individuelle d’un polémiste, qui flirte clairement avec l’extrême droite. Ni même d’un indice supplémentaire de la vie politique dans ce qu’elle a de plus vulgaire, cette prise de pouvoir des “intellectuels” de plateaux télé sur les débats publics, qui donne aux plus provocants une exposition médiatique maximale.
Le succès du livre de Zemmour (plus de 500 pages, 22,90 euros) est bien plus significatif parce qu’il témoigne de mouvements profonds dans la société française – qui ne sont pas ceux que décrit le journaliste, mais que son succès contribue à rendre visibles. Le premier enseignement est la victoire par KO des lectures complotistes. Comme d’autres avant lui, mais avec un impact impressionnant, Zemmour se présente comme celui qui ose dire l’indicible, contre tous les “politiquement correct”, contre la “bien-pensance”.
Dans cette lecture, la déchéance remonte à Mai 68, et depuis, dans l’ombre de la société française, agissent les forces souterraines des technocrates bruxellois, des partisans de la mondialisation, du “lobby” homosexuel, des féministes, des élites, des étrangers, des immigrés, des minorités visibles, des musulmans – autant d’”ennemis de l’intérieur”, droite et gauche confondues, mais plus souvent à gauche. Bref un grand déversoir où sont jetés pêle-mêle toutes les craintes, les erreurs, les frustrations, un livre poubelle en quelque sorte. Zemmour et Valérie Trierweiler entre autres ont certainement oublié qu’un écrivain a des devoirs envers l’humanité et que l’on juge une société à travers ses livres.
Par Eric Zerbib