LA LIGNE ROUGE
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INous avons toutes et tous une ligne rouge que nous refusons de dépasser. Un point que nous définissons dans notre conscience, notre culture, et l’éducation dont nous avons héritée qui « passée la ligne rouge » que nous avons définie se trouve incompatible avec nous-même. Ce point est souvent appelé « notre seuil de tolérance ». Ce point, cette ligne conditionne nos choix, tant sur le plan individuel que collectif. Il semblera aussi pour certains être l’abandon de nos convictions, un renoncement de notre identité, un compromis, une soumission, et quelquefois plus grave encore une lâcheté, une trahison de notre identité. Il n’en est rien, je suis toujours prêt pour vivre en harmonie et exercer notre tolérance.
Non ! radicalement non, la tolérance n’est pas un renoncement à nos convictions, encore moins une trahison, et certainement pas une lâcheté. A contrario elle nécessite plus, elle sera grande, plus de courage, d’engagement pour le bien commun. La tolérance c’est exactement l’expression d’un esprit altruiste, ouvert, qui engageant son compromis, renforce sa conviction. Dans la mesure où elle est capable de s’abstraire de son ego, elle devient une référence, un modèle pour les idées qu’elle défend. Le « moi » devient « nous ». Dans le foyer par exemple, le compromis s’efface rapidement lorsqu’il s’anime avec un acte de reconnaissance de la volonté de l’autre, enfant ou conjoint, il devient le signifiant de l’amour. Nos sages disaient « pour réussir son couple il faut savoir ouvrir la mer rouge », c’est-à-dire dépasser son naturel mais attention cela ne signifie pas l’abandonner. Là où les choses se compliquent c’est dans la politique.
En politique chacun devrait, pour gouverner, chercher le compromis, certains définissent la politique comme l’art du compromis. Accepter un « modus vivendi » en latin littéral : art de vivre, soit un accord, un compromis où deux parties en litige de trouver un accord viable. C’est ce modus vivendi qui va donner naissance à la diplomatie. Chaque partie négociant jusqu’au point de rupture de l’autre pour obtenir l’accord le plus favorable et ainsi éviter la confrontation directe que ce soit dans le commerce ou dans la force militaire. Pour accéder à un accord chaque partie devra parfaitement avoir défini ses objectifs et sa ligne de rupture. Si d’aventure ce travail, à l’intérieur de chaque partie, n’a pas été effectué, il est impossible de trouver une solution au conflit. Pour toute négociation je dois savoir exactement ce que je veux, jusqu’où je peux aller, ce que je peux céder et ce que catégoriquement je refuse de céder, je dois parfaitement comprendre ce que la partie adverse souhaite exactement et précisément, ce qu’elle est prête à céder et ce qu’elle refuse catégoriquement. Et c’est bien notre problème dans le conflit israélo-palestinien. Impossible de comprendre ce que nous voulons et ce que les Palestiniens veulent. L’israélien de gauche souhaite une « solution à deux états », sans préciser où, et comment ? Quels seront les frontières, quel sera le statut des Palestiniens de citoyenneté israélienne, les palestiniens de cet état auront-ils accès à la nationalité israélienne, quel sera le statut des travailleurs palestiniens en Israël, cet état sera-t-il islamique, et que ferons-nous si des organisations comme le Hamas prennent le pouvoir ? Une foule d’interrogations se posent. Pour l’israélien de droite, il est indispensable de garder la Judée et la Samarie, tout Jérusalem, la Torah. Ne rien céder, bref c’est non à tout ou presque. On ne veut même pas en discuter. Pourtant cette position est difficile à tenir, d’une part les pressions internationales, le climat de violence avec les Palestiniens et surtout notre situation de danger permanent. Quel que soit votre camp, force est de constater que nous sommes incapables de définir ce que nous voulons. Imaginez un instant que vous soyez un observateur étranger, il vous sera impossible de définir ce qu’est la paix avec les Palestiniens pour tous les israéliens. Il y aura donc une paix de gauche et une paix de droite. Entre la magie de gauche relayée par l’Europe et les USA qui voudraient nous faire croire que la solution à deux états, grâce à leur baguette magique, ferait aussitôt disparaître le Hamas et le Hezbollah. Et le fantasme de droite qui imagine par une solution où les Palestiniens
seront une sorte d’hydre mi-israélien mi-palestinien. C’est de cette division dans notre peuple incapable de s’assoir à une table, gauche et droite pour définir une ligne rouge, pour définir ensemble ce que nous voulons que nous sommes réduits à ne rien faire et finalement ne pas savoir où nous voulons aller. Pourquoi ? Nos hommes politiques défendent leur égo, leurs intérêts. En limitant le débat politique à la seule et unique problématique au conflit israélo-palestinien ils évitent tous les autres sujets comme la santé, l’éducation, les inégalités sociales, les transports, etc. Les uns promettent la paix, en cédant à tous les autres la sécurité, en ne cédant à rien, ainsi ils ne proposent qu’un choix pour un électorat. Rien d’autre, pas les salaires, pas les retraites, pas la justice, pas les loyers, limiter le débat à un seul sujet c’est la certitude de cibler l’opinion capable de voter pour ou contre un parti et avec lui un seul homme. En cloisonnant le sujet politique sans aucune ouverture c’est l’enfermer dans un débat où l’on a tous les intérêts du monde pour que le problème persiste.
Et qu’en est-il du côté Palestinien ? Les Palestiniens veulent un état Palestinien. Personne ne les a pourtant entendus, ce n’est pas si certain. Néanmoins quel est le palestinien qui peut nous dire ce qu’est ce fameux état. Veulent-ils un état en Judée Samarie et Gaza ou un état sur les deux rives du Jourdain ? Un état définitif ou un état intermédiaire ? Est-ce qu’ils veulent un état laïc et démocratique, ou un état musulman ou islamique, une théocratie ? C’est quoi l’état qu’ils veulent ? La question n’est jamais posée, on nous dit : « ils ont refusé tous les plans de paix ». C’est évident, ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Nous n’avons aucune ligne visible de leur volonté.
Voilà donc un conflit où personne ne sait ce qu’il veut. Allez donc négocier dans une telle situation, cherchez la solution, faites tous les plans de paix que vous voulez à chaque fois vous vous casserez les dents tant que les belligérants ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils veulent. Toute cette situation parce que l’un et l’autre ne se reconnaissent pas. Chacun veut Sa paix, ma paix de l’autre n’est que mensonge. Dans tout le débat politique le débat se limite à dire que l’autre est un extrémiste » ; ainsi la controverse se trouve muselée.
Si vous le voulez, allons plus loin avec notre ligne rouge et notre seuil de tolérance. Pour le dictateur il prétendra toujours agir « au nom du peuple » ; il se présente comme un rempart à tous les dangers qui risquent de le mettre en danger. Il construira des complots fallacieux contre le peuple, des prétendus dangers. Le peuple est un enfant qui a besoin d’un père protecteur, capable de récompenser et de punir. De Hitler à Staline, de Poutine à Xiaoping c’est exactement le même schéma, infantile mais redoutable. Tout ce qui est opposé à cette dictature est immédiatement dénoncé comme « ennemi du peuple » de là, le dictateur a droit de vie ou de mort sur lui.
L’autre dictature parle « au Nom de D. » C’est cette dictature qui a inspiré celle « au nom du peuple », elle utilise la même dialectique. Elle utilise, instrumentalise et caricature le sacré. Combien de meurtres, de crimes et de barbarie au nom de D. Malheureusement ce discours est aussi utilisé ici en Israël. Certes elle ne tue pas mais elle anesthésie le débat politique. « Nous voulons les valeurs de la Torah pour avoir un État juif » voilà pour le slogan mais que veut-il dire ? Va-t-on exiger que toutes les femmes soient la tête couverte, va-t-on exiger que tous les hommes portent la barbe et la kippa, va-t-on séparer les hommes et les femmes au cinéma, au théâtre et dans tous les lieux publics ? Les valeurs de la Torah sont dans les lois de la Torah. Veut-on « au nom de D. et de la Torah » créer le premier état judaïsmique. Alors c’est quoi « les valeurs de la Torah, imposer les lois et préceptes de la Torah ou respecter la valeur suprême de la Torah : le libre arbitre ? Le flou entretenu par ces partis n’a que pour seul but de culpabiliser ceux qui ne votent pas pour eux « tu ne votes pas pour moi, donc tu es contre la Torah ». Les curés, les ayatollahs et aujourd’hui des rabbins utilisent le même système d‘infantilisation. Rien pourtant ne garantit qu’ils soient la « parole de D » cette parole n’appartient dans les valeurs de la torah qu’à D, et lui seul. Lorsque l’on efface la ligne rouge du sacré c’est le sacré lui-même qui est sacrifié pour des fins personnels ou idéologiques qui n’ont rien à voir avec le sacré, il devient totalement profane. Mais là il n’y a plus de limite, plus de ligne rouge, plus d’humilité, il n’y a que du mensonge. Oui je m’opposerai toujours aux inquisiteurs, aux autodafés, à confondre l’incroyant avec un traître ou un voyou, je veux laisser à chacun et à chacune le droit d’être ce qu’ils vont choisir dans leur rapport avec son D. Oui, je suis juif tout simplement.
L’exemple de la dictature « au nom de D. » est sans doute la mise en place de mesures discriminatoires qui frappent surtout les homosexuels dans les pays musulmans. Cette discrimination commence toujours par la mise en place de lois. Ces mesures s’amplifient par un climat de haine et la persécution. C’est une pensée fasciste fondamentale qui consiste à fabriquer l’humiliation d’hommes et de femmes pour insuffler dans la population l’idée qu’il existe une race de « sous-hommes ». Aujourd’hui, j’entends que l’on voudra réformer la loi sur la discrimination en Israël, permettre à des serveurs de restaurants de ne pas servir des homosexuels et à des médecins de ne pas les soigner. Je ne suis pas moi-même homosexuel mais cette modification de la loi nous placera au niveau de l’Iran ou de la Russie de Poutine. D’autant que l’on ne nous dit pas si ces personnes afficheront devant leur restaurant ou leur cabinet : « Je ne sers pas les homosexuels, je ne soigne pas les homosexuels ». D’autant qu’il ne me semble pas que nous soyons devant une maladie transmissible, l’homosexualité serait donc un virus ? ce serait, si cela se pratique une trahison mémorielle, pas une ligne rouge mais une ligne de m-rde. Souvenons-nous Berlin 1934
« INTERDIT AUX JUIFS ET AUX CHIENS ».
Il ne me reste à développer maintenant que la position qui me tient le plus à cœur : celle de ceux qui réclament la peine de mort pour les terroristes. Aucun assassinat ne peut -être toléré ou accepté au nom de la justice. La justice n’est pas vengeance, elle doit certes appliquer les peines les plus sévères pour les crimes barbares du terrorisme mais ne doit pas assassiner même les hommes les plus coupables. Elle n’est pas propriétaire de la vie d’êtres humains qui eux précisément ne respectent pas la vie, elle ne peut se dissoudre dans la même attitude qui ne pourra se justifier. Car même un combat légitime ne peut supporter le crime. Avec une loi aussi absurde, parce qu’il nous faudra mettre à mort des centaines de terroristes et nous ne ferons qu’en radicaliser davantage, encore plus barbares et toujours plus nombreux. Leur idéologie est celle de la mort, la nôtre est celle de la vie. Nous apprenons dans le Talmud Sanhédrin qu’un tribunal qui condamnera plus de deux fois dans son existence à mort, serait un tribunal d’assassins. Je ne veux pas de juges assassins en Israël. Ceux et celles qui choisiront de voter la peine de mort pour les terroristes, devront être conscients qu’ils votent la peine de mort pour tous nos combattants qui, à D. ne plaise, seront faits prisonniers par nos ennemis. Hamas ou Hezbollah trouveront légitime de les exécuter sur le champ. Je ne défendrais jamais les terroristes mais je veux défendre ici la vie de mes enfants, les enfants de notre peuple. Au moment des négociations de cessez le feu avec nos ennemis nous n’aurons plus qu’à échanger les corps de terroristes et de barbares contre ceux des cadavres de nos enfants. Cela m’est insupportable, j’aime moi, les juifs vivants.
Vous l’avez compris ma ligne rouge est celle qui ne respecte pas la vie, qui ne choisit pas la vie. Je suis prêt à me battre et à mettre en jeu ma vie pour la vie. Je veux vivre pour Jérusalem et non comme Arafat le disait : « Mourir pour Jérusalem. » Nous sommes le peuple de la vie, pour nous, pour nos enfants et pour l’humanité entière, pour ça j’accepte d’être un extrémiste.